Le livre persan » Mille Récits Extraordinaires » racontait l’histoire d’ un roi qui prenait femme, passait une nuit avec elle et la condamnait à mort au lendemain. Une injustice incroyable qui mettait en danger la vie de toutes les femmes de ce pays.
Toutes les victimes ont été exécutées sans que s’élève protestation ou dénonciation contre ce dictateur des temps anciens. Les hommes avaient peur et même le vîzir, père d’une très belle jeune demoiselle, ne pouvait refuser au roi inique de lui donner sa fille sachant qu’il la mettra à mort au lendemain de leur funeste nuit de noces. Funeste pour la femme car le roi continuait son horrible jeu sans aucune crainte pour sa vie ou sa royauté.
Mais c’était compter sans le savoir de cette très belle et cultivée demoiselle qui décida de combattre ce roi indigne avec ses armes à elle. Les armes du désir et le stratagème de la narration d’histoires étonnantes et inachevées.
Le roi, démon par ses crimes, retrouvera son humanité grâce aux vertus et aux grandes valeurs de coeur de cette belle danseuse qui brillait par la culture de son esprit, par sa sensualité, sa sagesse et son initiation aux sciences divines.
En même temps au Maroc, un livre qui portait le titre de » Cent et Une Nuits » racontait l’histoire d’un prince qui abusait de femmes avant de les tuer. Quelle lien existe-t-il entre ces deux livres ? C’est que le livre persan ajouta à ses contes certains récits du livre marocain et il prendra aussi son titre avec cette seule différence que le Cent deviendra le Mille. Nous aurons, en fin de compte, un livre qui sera intitulé » Mille et Une Nuits » .
Ce livre ne cessera de s’enrichir d’autres émouvantes histoires qui racontent les terribles ravages de l’injustice des puissances des mondes et des temps concernés contre les faibles. Si cette vérité a toujours mobilisé l’intérêt des lecteurs c’est parce qu’elle est universelle et que la nature humaine refuse l’iniquité ou qu’elle soit.
L’Histoire retient que le livre persan est entré dans le monde arabe entre le VIII et le IX siècle et il a été ajusté en toute intelligence aux légendes et aux mythes arabes. Des récits fantastiques mettant en lumière les modes de vie et les savoirs en Orient ont émaillé cette oeuvre qui a subi, de manière continue, beaucoup de transformations grâce aux traductions dont elle a été l’objet.
Le Français Antoine GALLAND a eu l’immense mérite de donner à cette grande oeuvre la gloire universelle. Grâce à cet orientaliste et homme de lettres, » Mille et Une Nuits » sera reconnue et connaitra la célébrité.
Dans une lettre adressée à l’érudit hollandais Gisbert CUPER, Antoine GALLAND souligne en ces mots l’importance des contes traduits :
» Tout y est surprenant, merveilleux, et rempli de transformations d’hommes en différentes sortes d’animaux, par enchantement. Il n’y a rien de semblable ni d’approchant dans nos anciens Romains. »
» Mille et Une Nuits » est tout simplement une réalisation qui dénonce l’injustice et se révolte contre le fléau du pouvoir aveugle qui frappe sans raison les êtres qu’il est censé protéger.
» Injustice, lâche-moi » est le message clair et précis de cet ensemble de récits groupés en cycles comme celui » Les trois pommes « , le conte » Le marchand et le génie « , et autres histoires qui mettent en lumière les abus des hommes injustes.
Ainsi, le thème fédérateur de cette immense oeuvre est la justice bafouée et écrasée. Les récits sont des tonnerres qui grondent avec intelligence et subtilité contre les marées des iniquités tumultueuses.
Le remède que fait briller cet ensemble de savoirs est d’utiliser les stratagèmes nobles contre les intentions malhonnêtes. Le mal ne peut être vaincu que par le bien et les personnes qui fixent leur esprit sur les grandes vérités finissent toujours par vaincre les démons.
La morale de toutes ces histoires est que les hommes sont des fruits sans épines et sans équité ils deviennent des épines sans fruits pour eux-mêmes et pour les autres.
Eléonor GOSSELIN – Tous droits réservés.
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