Elle était jeune et rêveuse. Elle attendait, avec ferveur, son prince charmant qui arrive sur son cheval blanc pour l’extirper de sa misère. Celui qui lui offrira le baiser magique, élixir de la vie. Mais le temps n’attend personne. Et la jeune finit par vieillir sans, pour autant, apercevoir l’ombre du chevalier. Ni, même, en sentir le parfum.

Alors, la deuxième face prit le dessus. Une vilaine vieille connaissance revint à la vie. Pleine de haine et d’envie. C’est l’angoisse que la vieillesse faisait véhiculer dans ses veines qui lui fut motrice. Il ne sera pas le mien, alors que la mort le prenne à jamais.

Mais que peut elle faire pour se venger? Elle, la dépourvue de tout argument. Car, fallait-il le rappeler, jamais le chevalier, noble par essence, ne lui promut son cœur.

Elle usa, alors, d’un pêché capital : le mensonge. Elle sillonna les espaces, ruelle par ruelle. Elle s’arrêta à toute porte et à toute fenêtre en proférant les fabulations les plus ahurissantes et les plus insolentes à l’égard de son chevalier. Elle chercha un refuge, ou un appui.

Malheureusement, elle en trouva. Chez des gens faibles d’esprits, hantés de jalousie, elle trouva un soutien physique et moral. Elle se jeta, alors, dans les bras de ses serviteurs, pour revenir au premier pêché capital : le métier le plus ancien qu’une femme aurait connu. Et si ce n’est le corps qu’elle offrit, ce fut le verbe. Et que pire que vendre son âme? Le diable, lui même, s’en répugnera.

Mais, Lady Mouna ne sait pas que l’amour se partage et que la haine ne se ressent pas. Qu’elle ne finira que par l’assommer. Elle ne sait pas que le chevalier, qu’elle aura tant désiré s’éloignera d’elle autant que ses momeries se répèteront.

Pourtant, tant d’années d’attente doivent lui avoir appris, un tant soi peu, les secrets de la vie. Apparemment, elle n’en aura rien compris. Au point qu’elle s’est enfoncé dans le pêché. Y trouvant, certes, un plaisir qui étouffait, momentanément, son désir de revanche mais qui le ravivait encore plus fort que jamais.

Et, puis, Lady Mouna commença à fantasmer. Elle vécut les rêves les plus ridicules du monde. Elle atteint, même, l’hallucination. Celle de voir son chevalier mourir dans un champ de bataille, dépourvu d’épée. Dépourvu d’honneur. Son état se détériora au point de confondre son fantasme à la réalité. Pourtant, son chevalier ne pouvait mourir dans le déshonneur. Parce que lui, le noble, ne tua, jamais, dans le déshonneur. Il est, et il restera toujours, fidèle à ses principes. Un chevalier n’assassine pas ses rivaux. Il les affronte, au clair du jour, dans le champ de bataille. En dehors, ce n’est que le respect. BSI.

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