QUAND LE COUPLE BAT DE L’AILE : QUITTE OU DOUBLE ?
(Article paru dans le magazine VIVRE)
Mariés ou non, nous formons un couple pour le meilleur et pour le pire. Ne sommes-nous pas sensés nous soutenir dans les difficultés et partager les bonheurs et les plaisirs ? Parfois, le meilleur n’a été qu’un mirage et vous l’attendez toujours, dépendant de ce que vous n’obtiendrez jamais. Ou encore avez-vous déchanté, car le meilleur s’est consumé très vite et le pire s’est installé : il faudrait partir… Puis, il y a ceux qui avaient trouvé un équilibre qu’un événement extérieur a chamboulé ou que le temps a usé et vous voilà déconnectés l’un de l’autre, prêts à vous séparer. Quand rien ne va plus, vous vous demandez comment réagir. Comme le chante Charles Aznavour, « Il faut savoir quitter la table lorsque l’amour est desservi« . Quand les désaccords, les affrontements ou encore l’ennui se font de plus en plus présents, comment savoir s’il faut tout tenter pour sauver le couple ou renoncer ? Comment faire la différence entre amour et dépendance pour prendre la bonne décision sans se tromper ?
Un couple heureux fonctionne sur des principes très simples : les deux ont confiance en eux et en l’autre, se respectent personnellement et réciproquement, sont complices et s’admirent mutuellement. Ils éprouvent une attirance intellectuelle, spirituelle et sexuelle et ont les mêmes croyances, valeurs et objectifs. Ils sont également capables de communiquer. Mais, quand la dispute se glisse sournoisement dans votre quotidien, il n’est plus question de vous comprendre : votre obsession est de déterminer qui aura raison, qui va plier, qui va gagner. Gagner quoi ? Vous n’êtes plus partenaires, mais adversaires dans ce bras de fer sans pitié. L’amour aurait-il quitté la table ? Car, c’est bien lui que vous êtes en train de perdre, si tant est qu’il y ait été invité… Dans vos moments de lucidité, vous réalisez que cette rivalité ne vous pousse pas dans le bon sens. Mais vos blessures du passé vous lancent dans des affrontements violents, alors que vous êtes incapables de vous séparer. Résultat : vous n’êtes bien ni avec ni sans l’autre, parce que, finalement, vous n’êtes pas bien avec vous-même. Vous vous servez mutuellement de béquille parce que vous êtes en déséquilibre affectif, appuyé sur une personne aussi éclopée que vous. Au lieu de vous agripper l’un à l’autre pendant la chute ne serait-il pas plus judicieux de trouver votre propre équilibre, chacun de votre côté ? Quand vous vous cramponnez à votre partenaire comme un naufragé à son radeau, dans un océan déchaîné, ce n’est pas de l’amour, c’est de la dépendance. Le processus de destruction est enclenché et persévérer vous enverra immanquablement par le fond. Le plus dur est effectivement d’accepter que l’amour n’a jamais été convié à votre table et que votre invitée n’était autre que la dépendance affective et émotive.
Peut-être que c’est bien l’amour qui vous unit, mais vous commencez à vous déchirer parce qu’ayant perdu la connexion, pour toutes sortes de raisons. Une nouvelle situation bouscule votre équilibre et vous éprouvez des difficultés à le retrouver. Ou encore avez-vous tranquillement oublié que l’amour s’entretient, vous endormant sur vos lauriers. Disputes ou indifférence, le malaise est installé. Parfois, quelque chose vous pousse à y croire encore et vous êtes capable d’analyser ce qui est en train de vous faire déraper. En vous recentrant sur vos points communs, sur l’amour que vous vous portez, vous sentez que cette crise vous permettra de vous retrouver : persévérez en faisant une démarche qui mettra à jour ce qui ne va pas. De vieilles blessures que vous pensiez réglées peuvent se réveiller : ne vaut-il pas mieux les déprogrammer plutôt que vous séparer ? Car, l’amour vaut d’être protégé et si vous jetez le bébé avec l’eau du bain, vous risquez de le regretter. De plus, vous traînerez vos mines de fond que sont les mauvaises programmations dans la prochaine relation. Vous êtes souvent décidés à continuer quand il n’y a plus d’espoir et vous démissionnez, quand il faudrait persévérer. Votre plus grande crainte est de vous tromper en quittant, associé à la peur de finir seul et à l’idée qu’il vaut mieux faire du neuf avec du vieux. Pensez-vous vraiment que ce sont de bonnes raisons pour continuer la relation ? Ou peut-être croyez-vous ne plus avoir la force de chercher les solutions et vous baissez pavillon, alors que tous les espoirs sont encore permis… Quitte ou double ? Là est la question.
Si la question vient sur la table, c’est que quelque chose est en train de se déchirer. La souffrance est le symptôme d’un problème qui se profile à l’horizon. Pas de fumée sans feu. L’heure du bilan a sonné et il est temps de déterminer si votre relation repose sur la névrose qui vous attache l’un à l’autre ou sur l’amour qui vous unit. Ce dernier n’est pas plus fort que tout, car il a besoin d’un bel environnement pour s’épanouir. La névrose, elle, prend ses racines dans votre déséquilibre et se nourrit de disputes, d’incompréhension et de domination. Quand un couple vient me voir, je lui explique qu’ils sont dans un avion parfaitement capable de voler (le couple), à condition que les deux pilotes aient leur brevet : confiance et estime. C’est ce que je vais les aider à développer, chacun de leur côté, afin qu’ils décident s’ils rembarquent dans le même avion ou pas. Si la décision de se séparer est prise, ils y gagnent leur autonomie affective et les outils pour bien choisir le futur partenaire pour une vie de couple épanouie. Ceux que la névrose réunit, l’équilibre les sépare.
Quand les désaccords sont présents dans la majeure partie du temps, quand la violence augmente et la souffrance aussi ou que l’indifférence s’est installée, plus la peine de rester à table, il est temps de débarrasser. Mais si c’est bien l’amour qui vous unit, vous trouverez le moyen de vous reconnecter en faisant appel à un professionnel qui vous fera passer votre brevet pour (con)voler à nouveau en toute sérénité : vous laisserez le pire derrière vous pour ne vivre que le meilleur !