PARENTS SÉPARÉS ET À DISTANCE : IMPACTS SUR LES ENFANTS ?
Quand le couple ne fonctionne plus, les parents se séparent et les enfants se retrouvent en garde partagée, généralement une semaine sur deux ou les week-ends, selon les ententes. Mais que se passe-t-il quand l’un des deux déménage à plusieurs kilomètres, voire s’installe dans un autre pays ? Quelles sont les répercussions sur les enfants ? Comment les parents séparés doivent-ils réagir ?
Une séparation implique automatiquement le fait de ne plus vivre avec l’enfant à temps complet. C’est un deuil pour chacun des parents, d’autant que vous avez également à faire le deuil de la famille réunie. Ça fait mal, surtout si la décision ne repose pas sur un accord commun et que votre partenaire part avec une autre personne. Cependant, quelles que soient les conditions de la séparation, votre souffrance est sensée être mise de côté afin de vous organiser au mieux pour vos enfants. Votre détresse ne doit pas provoquer la leur. Entre parents intelligents, il est possible d’organiser la vie des petits de la meilleure façon, favorisant leur confort et leur équilibre. J’évoquerai plus bas, dans cette chronique, les situations où les enfants sont des armes de destruction massive et de vengeance. C’est un autre débat. Restons entre parents impliqués dans le bien de leurs enfants, pour l’instant. Vous finissez par instaurer une routine et ils s’y installent de bon cœur, tant que vous êtes vous-même et l’ex à l’aise avec ce qui a été organisé.
Puis, un beau jour, à l’occasion d’une proposition professionnelle, d’une volonté de s’installer dans un environnement plus propice à son épanouissement ou pour suivre son conjoint, l’un des deux parents décide de partir loin. Plus question de garde partagée et, dans un premier temps, c’est souvent perçu comme un drame : celui qui en a la garde les aura la majorité du temps et l’autre parent les verra pendant les vacances scolaires. C’est un déchirement qu’imaginer que vous ne verrez vos enfants qu’à de grands intervalles, alors que, précédemment, vous les aviez soit une semaine sur deux, soit tous les week-ends, bref, vous aviez l’opportunité de les voir régulièrement. Le tout premier réflexe est de penser à soi : l’envie d’entrer en guerre pour empêcher l’autre de partir vous taraude dans un premier temps. Vous criez à la trahison, à l’injustice et vous exprimez toute la souffrance que cette séparation impliquera. C’est normal et humain. Les rejetons eux-mêmes peuvent en être bouleversés.
Puis viendra le temps de la réflexion (je vous rappelle que nous sommes toujours entre parents intelligents) et vous verrez ensemble ce qui est le mieux pour tous. En fait, votre priorité doit rester le bien des petits avant le vôtre, même si ce bien passe par le confort du parent qui s’éloigne. Exemple : l’ex-conjoint qui a la garde a l’opportunité d’un nouveau travail valorisant et épanouissant dans un pays étranger et il les emmène automatiquement. Mais il en aura discuté avec vous. Son bien-être favorisera le bien-être des enfants. Et vous les aurez pendant toutes les vacances scolaires. Le bon côté, c’est que vous serez associé aux bons moments et vous pourrez faire toutes sortes d’activités avec eux. De plus, vivre dans un autre pays est épanouissant pour des enfants et ils sont toujours ravis de prendre l’avion seuls. Cela leur ouvre l’esprit et les éduque d’une autre façon. C’est sûr que c’est une torture dans les débuts, mais vous serez surpris de vous installer dans cette autre routine rapidement. Et puis, vous aurez su présenter les choses de façon à ce que les enfants y voient tous les avantages en leur taisant les inconvénients. Ils ont besoin, en priorité, de parents épanouis, même s’ils sont séparés. Donc, si les deux sont sereins par rapport à cette décision parce que cela favorise le bien des enfants en même temps que celui d’un des deux parents, que diriez-vous d’accepter cette réalité ? D’autant que grâce aux nouvelles technologies, vous n’êtes jamais éloignés : vous pouvez les voir souvent sur Skype ou Face Time et les téléphones intelligents, quand ils seront en âge d’en avoir un, vous permettront de les joindre et de vous joindre fréquemment. Quand ma fille partait l’été, je n’avais aucun de ces moyens à part le téléphone et ces deux mois-là, je les percevais comme des moments de totale liberté au lieu de pleurnicher dans sa chambre vide.
Bien sûr, des parents en guerre n’auront pas cette lucidité et il est hors de question que l’un accepte que ses enfants vivent loin avec l’autre. Que l’un veuille partir loin pour punir l’autre ou que l’autre refuse qu’il parte pour se venger n’est profitable à personne. Dans ma propre histoire, c’est l’assistante sociale m’avait accusée de vouloir partir au Québec pour punir le père de ma fille d’avoir une maîtresse. J’avais déclenché une enquête afin de démontrer que cette dernière n’était pas adéquate (elle me haïssait) pour accueillir ma fille (son père vivait avec elle) pendant les vacances scolaires. J’aurais eu la vengeance tenace en m’expatriant à des milliers de kilomètres, dans un pays que je ne connaissais pas, juste pour me venger ! C’est vers un monde meilleur que je souhaitais aller, meilleur pour moi, donc pour ma fille. Heureusement que son père ne s’y est pas opposé et nous a laissées partir, la juge ayant ordonné qu’il ait tout de même notre fille pendant l’été. Certes, il ne la voyait que pendant juillet ou août, mais leur relation s’est plus renforcée ainsi que si j’avais continué à habiter dans la même ville que lui. Il ne s’en occupait pas beaucoup à cette époque. Et il en a vu les effets : notre fille est épanouie, elle voyage comme d’autres se brossent les dents, est à l’aise partout et totalement autonome et heureuse. Du moment que les deux parents étaient en accord avec la situation, ma fille l’a bien vécue et a profité de ce que ses parents vivaient dans deux pays différents. Elle a adoré les voyages en avion, toute seule, et les aéroports sont devenus sa seconde maison. Quant à moi, le Québec me proposait de reconstruire ma vie et si l’ex-mari nous en avait empêchées, je n’ose même pas imaginer où j’en serais aujourd’hui… ni où en serait également notre fille…
Souvenez-vous que des parents épanouis font des enfants épanouis. Des parents frustrés et dans la vengeance produisent des rejetons pleins de souffrance qui le paieront dans leur vie d’adulte. Certes, c’est toujours un choc qu’être séparé des enfants quand on en avait la garde partagée, mais il faut aussi voir ce que cette situation pourra leur apporter de positif. Nombreux sont ceux qui vivent loin l’un de l’autre et les enfants ne sont pas traumatisés : ils prennent un rythme et se sentent différents des autres, car ils voyagent et voient d’autres cultures. Bien sûr, l’aspect financier est à prendre en compte : ça coûte cher les billets d’avion ou de train, mais c’est un investissement pour les enfants. Et puis, il faut aussi s’organiser, car les avoir à plein temps pendant les vacances, alors que vous travaillez, sera une autre façon de vivre. Rappelez-vous aussi que celui qui les a toute l’année n’aura jamais de vacances avec eux : de l’âge de 7 ans à aujourd’hui (elle en a presque 21), je n’ai eu ma fille avec moi que pour mes 50 ans, en été. Elle passait les mois d’été en France. Certes, il faudra trouver votre zone de confort avec l’ex et favoriser les enfants dans vos décisions. Encore une fois, heureusement que le papa de Cassandre a accepté de signer les documents pour que nous puissions partir au Québec, car cela m’a permis de reconstruire ma vie et je l’en remercie.
Pensez toujours aux avantages pour vos enfants avant de penser à vos inconvénients et si vous êtes des parents intelligents, vous vous organiserez pour que tout se passe au mieux pour leur épanouissement.
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