LE COUPLE ET L’ALCOOL : UN MAUVAIS MARIAGE
Une de mes précédentes chroniques parlait des disputes dans le couple, démontrant que cela ne doit pas faire partie de la vie à deux si l’un et l’autre s’aiment et cherchent à se comprendre plutôt qu’à s’affronter. Il existe, cependant, un facteur accélérateur qu’il faut prendre en considération : l’alcool en excès. Cet élément engendre différents types d’accrochages entre personnes étant sensées s’aimer. Beaucoup de choses sont agréables tant que vous ne tombez pas dedans : c’est la différence entre plaisir et besoin. Ce dernier provoque la dépendance et donc la soumission, alors que le premier est synonyme de liberté et d’autonomie. Soit vous ne buvez pas du tout, soit vous avez plaisir à boire de l’alcool ponctuellement et sans excès, soit vous ne pouvez plus vous en passer ou vous arrêter quand vous commencez. Que se passe-t-il quand il se glisse dans les relations de couple sans modération ?
L’un boit l’autre pas
Quand une personne n’a jamais bu ou a définitivement arrêté, elle peut être en couple avec un conjoint qui continue à goûter les plaisirs de la vigne ou autres. L’un acceptant le plaisir ou l’abstinence de l’autre. Pourtant, dans certains couples, celui qui boit est irrité parce que l’autre pas et, se sentant coupable peut-être de quelques excès, il voit son partenaire comme un reproche vivant et permanent. Ou encore, celui qui est sobre est agacé de voir que son complice s’adonne à ce qu’il considère comme un vice qu’il a lui-même rejeté. Car, même si c’est modéré, l’alcool le dérange de toute façon. Et les disputes vont bon train, chacun défendant son principe ou sa dépendance. C’est d’autant plus flagrant quand l’un est vraiment dépendant de l’alcool et en abuse souvent. La mayonnaise prend vite entre les deux et toujours pour les mêmes raisons : l’un ne boit pas et l’autre ne peut plus s’arrêter. Et quand vous n’avez plus de retenue et que vous avez des comportements déplacés en société parce que vous devenez agressif ou harcelant, quand votre conjoint doit vous ramener rond comme une queue de pelle et que vous dévastez la salle de bain le lendemain matin voire le soir même, il a le droit d’être contrarié.
L’un buvait ponctuellement, mais tombe dedans parce qu’il accompagne l’autre
J’entends souvent ce style de situation dans mon bureau de coach : dans le couple, l’une des personnes buvait modérément et se trouve entraînée par l’autre qui boit plus que de raison. Celui qui boit pousse l’autre à le faire pour l’accompagner et d’une bouteille de vin par soirée vous passez à une bouteille chacun, sans compter le petit apéritif de détente qui lance les hostilités. Résultat, le problème s’ancre tranquillement dans le couple et, selon le vieil adage qui dit « In vino veritas » (la vérité est dans le vin), les discussions tournent rapidement au règlement de comptes, car ce que vous avez enfoui à jeun ressurgit sous l’effet de l’alcool. Il a le don d’amplifier les émotions et l’agressivité. Je me souviens que je buvais pour essayer de me calmer et endurer la présence des deux ex, mais le remède étant pire que le mal, je finissais toujours par être enragée. L’alcool ne vous permet pas de canaliser la violence : il la déchaîne. Combien sont agressifs quand ils ont bu alors qu’à jeun, vous leur donneriez le Bon Dieu sans confession. Alors, quand les deux s’adonnent à l’alcool et voient monter leur agressivité, une petite étincelle et c’est le feu aux poudres !
Personne ne peut entraîner personne contre son gré, cependant, c’est insidieux : vous suivez celui ou celle qui boit beaucoup pour être en « phase » avec et être dans le même état. Installant tranquillement la compulsion, vous glissez lentement vers l’alcoolisme et prenez cette habitude pour être au même diapason, au début, puis pour l’endurer ensuite. Au début, vous buviez ensemble, pour partager un bon moment et une bouteille et vers la fin, vous buvez chacun la vôtre en regardant l’autre de biais. La dispute fait partie du rituel de l’alcool et signale que la dose de trop est atteinte, mais, incapable de vous arrêter et/ou de vous séparer, vous vous éloignez doucement l’un de l’autre, vous rapprochant de plus en plus de la bouteille et de la violence.
Les deux boivent trop
Quand les deux sont au même niveau de surconsommation, personne n’entraîne personne, ils boivent de concert. L’alcool ayant la faculté de vous déconnecter des autres, vous n’avez plus un conjoint, mais un partenaire de beuverie. Vous vivez votre alcool en parallèle et la violence fait partie de votre vie. Les insultes fusent, parfois les coups pleuvent aussi et du matériel est cassé. Les voisins ont l’habitude, d’autant qu’ils voient les bouteilles dans la poubelle de recyclage, quand elles y arrivent sans être cassées. Nous souhaitons qu’il n’y ait aucun enfant dans le décor, mais, malheureusement, c’est souvent le cas : ils assistent, impuissants, à cette descente aux enfers et font ce qu’ils peuvent pour s’élever tout seuls et, surtout, pour éviter les coups qui ne leur étaient pas destinés. Servant d’exécutoire quand la bouteille déchaîne la violence, il faut bien passer la colère sur quelqu’un. Et si l’un réalise que ça va trop loin et essaie d’arrêter, la présence, la violence et l’alcoolisme de l’autre le font retomber. Seule issue : se séparer. Mais la dépendance affective vous pousse dans l’alcool et la dépendance émotive vous attache à votre tortionnaire.
L’alcool et le sexe
Et le plus désolant, dans un couple, en dehors de la dispute sous l’emprise de l’alcool ou non, reste les relations sexuelles uniquement consenties après avoir atteint le fond de la bouteille. Combien m’ont confié que c’est à ce prix qu’ils avaient droit à un rapport sexuel… Bien sûr, c’est souvent la femme qui est réticente et qui trouve refuge dans l’alcool pour traverser la barrière de son manque de confiance et de ses fausses croyances. Une fois saoule, plus rien ne la retient ! Et la question que je pose au conjoint est la suivante : « Souhaitez-vous faire l’amour ou avoir des relations sexuelles avec une femme ivre ? » D’autant qu’il boit aussi pour l’accompagner, mais pas trop pour être encore capable de « consommer ». Beaucoup trouvent une forme de fausse confiance dans l’alcool et croient pouvoir avoir l’air normal et aussi à l’aise que les autres, mais ils oublient qu’une fois que le bateau est ivre, il n’y plus personne à la barre…
Bien sûr, nombreux sont ceux et celles qui vous diront qu’ils n’ont pas un problème d’alcool, qu’ils arrêtent quand ils veulent et qu’il n’y a pas de mal à faire la fête tous les week-ends et parfois tous les soirs. Boire et générer des conflits, boire pour avoir des relations sexuelles, boire pour s’anesthésier à deux ou chacun dans son coin, bref quand l’alcool se glisse dans votre vie de couple, il ne peut y faire que des dégâts. Il est un beau signal d’alarme pour vous indiquer que quelque chose ne va pas dans votre vie personnelle et également dans votre vie de couple. Dès que vous avez besoin d’une béquille pour avancer, c’est que le déséquilibre est installé.
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