L’ENFANT INTÉRIEUR : ET SI VOUS LUI BOTTIEZ LES FESSES ?!
« Fais grandir ton enfant intérieur », voilà ce qu’on vous dit. Mais il est où, celui-là ?! C’est facile à dire, mais on fait ça comment ?! C’est fou, n’est-ce pas, d’être un adulte qui se comporte comme un enfant ? Reprenons la définition du mot « adulte » selon Le Petit Larousse : « Personne parvenue à sa maturité physique, intellectuelle et psychologique ». Maturité physique, personne n’y échappe : le corps grandit. Maturité intellectuelle, l’instruction et l’expérience y contribuent. Quant à la maturité psychologique, c’est bien là que le bât blesse : Vous avez parfois des réactions d’adulte, surtout dans votre vie professionnelle (qui fait surtout appel à l’instruction et l’expérience) et parfois des réactions d’enfant, particulièrement dans votre vie affective : vos peurs, vos insécurités prennent le dessus et vous voilà parfois incapable de fonctionner (voir la vidéo « Comprendre la dépendance affective » : http://pascalepiquet.com/video-dependance-affective.php ).
De quoi cet enfant intérieur a-t-il peur en priorité ? De la solitude ! On ne meurt pas de solitude, passé 20 ans, on meurt de la peur de la solitude ! De 0 à 16 ans, surtout dans la toute petite enfance, vous avez un besoin vital de vos parents, de reconnaissance, d’affection et de sécurité, en plus de l’aspect pourvoyeur : un toit sur la tête, des habits sur le dos et de la nourriture dans l’assiette. Trop nombreux sont ceux qui ont quitté le nid familial, vers 16 ans, soit pour s’enfuir, soit poussés brutalement vers la sortie, et qui ont pu, de peine et de misère, subvenir à leurs besoins. Ils sont survécus. Tous les enfants amérindiens qui ont été arrachés à leurs parents et déportés en sont la preuve vivante. Étirons jusqu’à 20 ans, âge auquel vous êtes capable d’avoir un job, un logement et une voiture : à partir de ce moment-là, vous n’avez plus BESOIN de reconnaissance et d’affection.
En quittant vos parents, vous devriez être autonome affectivement. En ce sens que si vous êtes coupé de votre famille et de vos amis d’enfance, parce que vous avez trouvé un job dans une région éloignée ou un autre pays, vous pouvez vivre tout à fait normalement. A 23 ans, je suis « montée » à la capitale, quittant mon Sud-Ouest natal pour m’installer à Paris. Je n’y connaissais personne et j’avais juste un contrat de travail en poche. Jamais je ne me suis sentie seule : faut dire que ça faisait longtemps que j’avais été virée du nid, puisqu’en pension depuis l’âge de 11 ans. N’ayant pas eu d’affection, je n’en dépendais donc pas. Le besoin, c’est quand on ne peut pas s’en passer, parce que c’est vital : si vous n’en avez pas, vous mourez. C’est la différence entre BESOIN et PLAISIR : j’ai PLAISIR à recevoir de la reconnaissance et de l’affection, mais je n’en ai pas BESOIN. Si je n’en ai pas, je vis très bien ! C’est l’idée que c’est vital qui vous tue. Et je n’ai jamais vu qui que ce soit mourir parce qu’il ne recevait pas de reconnaissance ni d’affection, passé la petite enfance.
J’en ai assez d’entendre des âneries du style « on est tous dépendants affectifs ». L’être humain est un « animal de meute » et, par définition, vit en société, en couple, en groupe. Mais il peut parfaitement vivre sans relation avec les autres et sans reconnaissance, ni affection provenant des autres. Personne n’est mort d’être seul ! Beaucoup sont morts, adultes, parce qu’ils ne supportaient pas la solitude : ils ont mis fin à leurs jours. Des gens se sont retrouvés sur des îles désertes, d’autres, par choix, ont décidé de vivre en ermite ou encore se sont sauvé de prison et vivent seul dans les bois. Que dire de ceux que la vie a blessés et qui ne veulent plus aucune relation avec qui que ce soit, devenus des « indépendants affectifs », ours solitaires, méfiants de tout et de tous, vivant seuls et refusant tout contact ? Vous n’avez pas besoin d’affection, comme vous avez besoin d’eau, d’oxygène ou de nourriture : enlevez-vous cette croyance limitante de la tête !
Si vous prenez mon cas : je suis loin de la famille qui me reste en France et ne communique que très peu avec elle. J’ai quelques amis que je vois rarement (trop ?) parce que nous sommes emportés dans des activités qui nous font tripper. Mais quand nous nous voyons, c’est du PLAISIR à l’état pur ! Je suis célibataire et abstinente – je précise, car on peut être célibataire et très actif sur le plan sexuel (trop ?!) – depuis maintenant huit ans et je n’éprouve aucun manque affectif ni physique. Quand je suis en période d’écriture, ma fille Cassandre étant en France, je vis seule sur ma propriété, à St-Jean-de-Matha, pendant plusieurs mois, concentrée et heureuse de cette activité et je ne suis pas morte ! Au contraire, je me sens bien vivante, en accord avec moi. Nombreux sont les écrivains qui fonctionnent ainsi. Ils ne sont d’ailleurs pas du tout réputés pour leur faculté à entretenir des relations avec les autres : ils préfèrent être seuls avec leur ordinateur et vivre dans leur monde. De toute façon, je ne suis pas fréquentable quand j’écris : je ne pense qu’à mon livre.
La solitude n’existe pas : c’est du vocabulaire de dépendant affectif. Si c’est un mot que vous employez, c’est que votre côté adulte n’a pas pris le dessus. Parce que quand vous êtes en harmonie avec vous-même, en compagnie ou isolé, vous êtes bien de l’intérieur : vous n’êtes plus dans le BESOIN, qui signale la dépendance, vous êtes dans le PLAISIR, preuve de votre Liberté.
Quand on vous dit « sois ta propre mère et réconforte ton enfant intérieur », vous allez vous réconforter longtemps comme ça ?! Vous comptez rester « bébé » toute votre vie ?! Avez-vous réalisé que vous n’avez plus besoin de parents, passé 20 ans ?! Ce sont vos peurs que vous entretenez et qui vous infantilisent. Il est grand temps de vous botter les fesses et de comprendre qu’à part la peur d’avoir peur, il n’y a pas grand-chose en ce bas monde qui soit dangereux, à part vous-même ! Nous vivons dans une civilisation qui ne vous met pas en péril à chaque coin de rue, la vie est plutôt sécuritaire. Vous avez peur de vivre seul, peur de parler en public, peur d’avoir mal, peur de souffrir, peur de l’échec, peur de déménager, peur de changer de job, peur d’aller en forêt la nuit (Réalisez-vous que c’est à cause du m échant loup qui mange le petit chaperon rouge ?!), même peur d’être heureux ou de rencontrer quelqu’un qui l’est ! Mais quel âge avez-vous ?! La peur n’évite pas le danger, pire, elle l’attire ! Que diriez-vous de commencer à réaliser que vous êtes adulte au lieu de rassurer un enfant intérieur, vous renforcer au lieu de vous consoler, vous botter les fesses au lieu de pleurnicher ?
Secouez-vous et cherchez les ressources (livres, conférences, DVD, thérapies, coaching, etc.) qui vous permettront de terrasser toutes ces peurs inutiles, qui n’existent que dans votre tête, votre imagination et vos mauvaises programmations. Vous êtes adulte et certains ont peur du noir : c’est l’enfant qui prend le contrôle de votre vie, terrifié et recherchant une protection qu’il peut se donner. Vous êtes grand maintenant ! Internet, les médias, tout est là pour vous guider dans cette quête d’assurance, de confiance et d’estime qui vous rendent capable de tout. Ce n’est pas une utopie : je le vis ! J’ai décidé un beau jour (c’est un cheminement que j’ai fait toute seule) que j’étais adulte, que je n’avais plus besoin des autres (plutôt être dans le plaisir avec les autres) et que j’allais régler mes peurs les unes après les autres : je leur ai tordu le cou, avec l’énergie du désespoir, parce que c’était elles ou moi. Je me suis choisie moi, je ne voulais pas crever, et je les ai toutes mises à la porte, une par une ! Comme vous le savez si vous lisez régulièrement mes écrits (tous les mercredis), je suis une guerrière qui ne se bat plus et c’est contre moi, contre mes peurs que je me battais le plus : pas contre les autres ! Je suis en paix, aujourd’hui, avec moi et avec les autres.
Cessez donc de parler à votre enfant intérieur comme à un débile : parlez-vous en adulte, apprenez à être votre propre coach et, comme on dit en bon Québécois « parlez-vous dans le casque ! ». Les entraîneurs ont la réputation d’hurler sur leurs joueurs (trop ?!) et même s’il peut y avoir des nuances, vous n’avez jamais vu un entraîneur de hockey, de foot-ball ou autre prendre un joueur sur ses genoux et le bercer ! Il est là pour motiver, pas pour dorloter, il est là pour entraîner, pas pour câliner ! Devenez votre propre entraîneur, dans le respect de vous-même, sachant être indulgent. D’ailleurs à ce sujet, vous êtes à l’envers du courant : quand il faut être indulgent, vous vous tapez sur la tête et quand il faut vous botter les fesses, vous vous apitoyez et vous vous bercez… d’illusions ! Allons, allons, prenez le taureau par les cornes et au lieu de rester assis sur le canapé, retroussez-vous les manches, une fois que vous comprenez que vous avez à progresser, et allez chercher les bonnes ressources pour vous entraîner à être adulte : à prendre de la force et de la confiance !
Et ne confondez pas « Enfant intérieur » et « Âme d’enfant » : le premier représente vos peurs, votre insécurité, tout ce qui vous empêche d’avancer. Le deuxième représente votre faculté à vous émerveiller, à rire, à vous amuser, à profiter de l’instant présent et de ses beautés. Vous pouvez parfaitement, comme moi, être adulte et prendre vos responsabilités, tout en conservant un esprit joueur et enjoué. L’âme d’enfant représente la lumière alors que l’enfant intérieur est dans l’obscurité. Alors fini de jouer les mamans avec l’enfant intérieur : soyez votre propre coach ! Soyez indulgent quand il est temps et motivant quand l’envie de reculer vous prend. Fini le passé : soyez dans le présent et l’avenir avec de beaux projets et si besoin est, allez chercher une ressource pour faire de vos blessures des cicatrices qui seront le symbole de vos belles victoires sur la vie. Vous devriez me voir quand je me parle : si je sens que je vais flancher, je me botte les fesses et pas à peu près !
En écrivant cette chronique, j’ai réalisé (et ce message est particulièrement pour mes clients qui suivent « religieusement » (rires !) mes chroniques) que c’est à votre côté adulte que je m’adresse, pour qu’il prenne de plus en plus de pouvoir : pas à votre enfant intérieur qui n’est que le souvenir de votre passé souffrant. L’enfant et le passé sont morts. L’adulte, lui, est bien vivant : réveillez-le !