JE NE VEUX PAS D’ENFANT : SUIS-JE ÉGOÏSTE ?
Faudrait-il passer un permis pour être autorisé à avoir un enfant ? Heureusement que non, car, sinon, je n’en aurais pas eu. Peut-être que vous non plus ! J’étais en total déséquilibre affectif, quand j’ai eu ma fille et je barbotais en pleine névrose pendant que je la portais. Je n’en suis sortie que sept ans plus tard. Certaines femmes savent, sentent qu’elles veulent un enfant et cela dès leur plus tendre enfance. Personnellement, ça me passait très au-dessus de la tête, n’y pensant jamais, jusqu’à ce fameux matin où j’ai ressenti un désir impérieux d’avoir un bébé. J’étais déjà avec le futur père et je ne sais toujours pas ce qui me prit ce jour-là. J’avais, cependant, déjà avorté deux fois par le passé, de deux hommes différents, décidant de ne pas avoir ces enfants-là. Et si j’avais été stérile, je n’aurais fait aucune démarche pour changer ça : j’admire les femmes qui passent par toutes sortes processus, plus douloureux les uns que les autres dans l’espoir d’enfanter. Moi, j’en aurais pris mon parti, ne voulant pas entrer dans le circuit du monde « in vitro » et compagnie. Quand certaines se battent courageusement pour être maman, d’autres refusent carrément : elles décident un beau jour ou savent depuis toujours qu’elles n’en auront jamais. Sont-elles égoïstes, comme le juge la société ? Qu’est-ce qui pousse une femme à refuser d’être mère ? Sommes-nous obligées, parce que femmes, de faire des bébés ?
Une femme sans enfant est considérée comme bizarre, qu’elle n’ait pas pu, voulu ou trouvé le bon père pour en faire. On pardonne à celle qui n’a pas pu, parce que stérile et on la plaint. Celle qui n’a pas rencontré l’homme qu’elle voulait pour père est également pardonnée. Mais celle qui n’en a pas voulu, bien que fertile, est considérée comme une terre aride et desséchée aux yeux de la société « bien pensante ». Cette paria n’a pas respecté les règles : femme, tu dois avoir un bébé. Quelle loi l’y oblige donc ? Aucune. Chacune son libre arbitre. Qu’est-ce qui pousse une femme à prendre la décision de ne pas avoir de descendance ? Souvent, les blessures du passé. Ayant souffert de parents absents ou maltraitants, réalisant qu’elles n’ont pas grandi ou refusant de faire subir ce qu’on leur a fait ou pas fait, elles décident d’arrêter à leur génération la malédiction. Elles sentent qu’elles n’y échapperont pas : elles feront subir le même sort à leurs enfants. Cette conscience les pousse à rester loin des poupons, pensant qu’elles deviendront elles-mêmes tortionnaires. N’avez-vous jamais eu peur, si vos parents étaient défaillants, de leur ressembler ? C’est la plus grande terreur : tel père tel fils, telle mère telle fille ? Est-ce égoïste ou sage de ne pas vouloir faire subir ce que l’on a subi ? Je me souviens de mon père me disant « ta mère voulait un deuxième enfant et quand j’ai vu ce qu’elle faisait avec toi, j’ai refusé« . Mon père était-il égoïste aussi ou bienveillant pour le deuxième l’enfant qu’il ne voulait pas ?
Que dire de la femme qui met des enfants au monde pour en faire des « rebuts de la société » parce qu’incapable de les aimer, de les reconnaître et de les protéger ? Sa motivation est de faire comme tout le monde : on se met en couple et on enfante, pour de bonnes ou de mauvaises raisons, sans se poser de question. Celle qui refuse d’être mère s’en est posé. Toucher les allocations du gouvernement, obliger un homme à rester, faire un bébé parce que c’est comme ça, fabriquer son bâton de vieillesse, remplir un vide qui ne se remplira jamais, autant de mauvaises raisons d’être mère. Peut-on considérer que ces femmes sont « généreuses » contrairement à celles qui seraient « égoïstes » parce qu’elles ne se sentent pas capables d’en élever ? Pourquoi juger si sévèrement celle qui a la sagesse de ne pas se lancer dans une aventure qui la terrifie et encenser celle qui procrée n’importe comment ?! Qui a le droit de juger autant celle qui n’en veut pas que celle qui en fait à tout va ? Le mode d’emploi ne vient pas avec le bébé : l’instinct maternel ne se trouve pas automatiquement chez chaque femme. Et, finalement, en poussant le raisonnement plus loin, je trouve bien plus maternelle la femme qui refuse d’enfanter, ayant peur de faire souffrir son enfant, que celle qui en met au monde et ne les élève pas. Les mauvaises programmations dans l’enfance ne font pas de vous de bons parents. Que vous en vouliez ou non, vous ferez comme moi, vous ferez ce que vous pourrez. J’ai rencontré plusieurs femmes qui, réalisant après coup qu’elles n’avaient pas l’instinct maternel, ont préféré laisser leur enfant au père. Elles ont été jugées égoïstes aussi : elles se sont, aux yeux de la bonne société, débarrassées d’un fardeau. Pourquoi ne pas simplement comprendre qu’elles ont eu la conscience de faire plus de dégâts que de bien en étant de mauvaises mères ?
C’est facile et ça fait du bien de juger : voir la paille dans l’œil de la voisine et pas la poutre dans le tien. Des femmes ont des enfants et n’auraient pas dû en avoir, elles le disent elles-mêmes, des femmes en voulaient et n’ont pas pu, quand d’autres n’en ont jamais voulu. Quand l’une d’elles me dit « Nous vivons dans un monde de fous et je ne lui livrerai jamais mon enfant en pâture« , je la comprends. Quand l’une d’elles me dit : « J’ai trop peur de faire souffrir mon enfant comme j’ai souffert dans mon enfance« , je la comprends. Quand l’une me dit : « Je n’aime pas les enfants et je n’en veux pas« , je la comprends aussi. Ou encore « Je ne veux pas me mettre un fil à la patte, un enfant, ça prend tout ton temps et 20 ans de ta vie« , je la comprends encore. Et je me dis qu’elles ont raison de ne pas enfanter, car elles ont démissionné avant d’avoir la preuve qu’elles auraient été de mauvaises mères. Combien de femmes ont eu un bébé pour réaliser qu’elles ne sont pas faites, pour toutes sortes de raison, pour être maman ? Certaines femmes, à bout de nerfs, ont secoué leur enfant jusqu’à le tuer parce qu’il pleurait sans arrêt. Poussons le raisonnement plus loin : ne vaut-il pas mieux refuser d’enfanter pour ne pas devenir une meurtrière ?
Personnellement, je n’avais jamais approché un bébé de ma vie : pas intéressée. Un beau matin, et je m’en souviens comme si c’était hier, un besoin impérieux d’enfanter m’a saisie. Me suis-je demandé si j’allais être une bonne mère ? Jamais. Ai-je eu peur ? Non, puisque je ne me suis posé aucune question. J’ai vraiment cru que ma fille était une enfant de l’amour (conçue le matin de la nuit de noces, pouvions-nous nous aimer plus ?), pour comprendre quelque sept années plus tard, que c’est la névrose qui m’avait conduite vers son père. Et alors ? Quelle importance ! Combien sommes-nous à avoir fait des enfants par névrose, à les aimer et les avoir bien élevés ? Nous avons tous fait de notre mieux, même si parfois notre mieux n’a pas été suffisant. Certains ont vu leurs enfants leur cracher à la figure, pour de bonnes ou de mauvaises raisons. Mais, au-delà de tout cela, pourquoi juger les femmes qui n’en veulent pas ? De quoi j’me mêle ! Comment osez-vous les convaincre d’enfanter, quand leurs tripes les avertissent qu’il y a un grand danger pour le bébé ? Comment pouvez-vous les traiter d’égoïstes, elles ne vous ont rien demandé ? Chacune fera ce qu’elle veut de son corps et, comme le disait ma grand-mère, dans le doute abstiens-toi. Si elles s’abstiennent, je les trouve généreuses de ne pas avoir un enfant par amour pour l’enfant qu’elles auraient pu avoir et qu’elles auraient pu mal élever, voire pas élever du tout.
Une femme qui décide de ne pas avoir d’enfant n’est-elle pas plus consciente que celle qui en a inconsidérément ?
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