L’Hôtel de la Marine, symbole d’une vision passéiste du patrimoine

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La France est-elle le pays le plus bête au monde ? Au risque de voir nos impôts exploser et notre patrimoine mal mis en valeur, notre pays s’accroche à une vision étatiste de la gestion des monuments. Comme si tout ce qui est privé est mauvais par essence quand on en vient à la culture !

La situation de l’Hôtel de la Marine est un exemple affligeant de cet état d’esprit franco-français et des dégâts qu’il occasionne. La Marine Nationale va quitter à l’horizon 2014 son quartier général historique, situé Place de la Concorde, pour rejoindre le « Pentagone à la française » voulu par Nicolas Sarkozy.

L’Hôtel de la Marine, l’un des plus beaux hôtels particuliers de Paris, sera déserté à partir de cette date et les pouvoirs publics ont donc lancé une réflexion sur l’avenir de ce bijou du patrimoine parisien… et envisagé un partenariat public-privé (PPP) pour valoriser le bâtiment et l’ouvrir au public sans piocher dans les caisses de l’État.

Ce type de partenariats existe dans le monde entier car aucun État n’a les poches suffisamment pleines pour se permettre de prendre à son compte l’ensemble des dépenses nécessaires pour la réhabilitation et la gestion du patrimoine public.

Qu’est-ce qu’un PPP ? Le gouvernement cède par bail un bâtiment à un groupe privé qui se charge en contrepartie des dépenses et de la gestion tout en versant à l’État un loyer, mais également en s’engageant sur le respect d’un cahier des charges défini au préalable.

Une situation qui n’a rien à voir avec les stéréotypes véhiculés ces derniers temps selon lesquels de perfides entrepreneurs (tout ce qui n’est pas du ressort du service public n’est-il pas  perverti par essence ?) s’apprêtaient à ouvrir un nouveau Disneyland sur la Place de la Concorde !

Un PPP qui a pourtant suffi à déclencher l’ire d’une brochette d’intellectuels (Régis Debray, Jacques Le Goff, Pierre Nora,…) bien décidés à ne pas voir « aliéner » le patrimoine national à des intérêts privés.

Les protestataires en ont appelé au gouvernement et réclamé à corps et à cris la création d’un musée public… qui ne serait que le 56e que compte la capitale ! Un énième musée public (vide évidemment) qui coûterait une petite fortune aux contribuables.

Quelques jours de brouhaha médiatique plus tard (et une périlleuse présidentielle à l’horizon), le gouvernement a fait marche arrière et nommé une commission (deuxième chose la plus inutile et coûteuse après les musées publics) pour statuer sur l’avenir de l’Hôtel de la Marine.

Et comme cette commission n’a d’autre but que d’enterrer le projet et d’acter une solution « tout-public », elle est essentiellement composée de personnalités s’étant prononcées pour la gestion publique (notamment Pierre Nora à l’origine de la polémique) et est présidée par Valéry Giscard d’Estaing qui s’est déclaré favorable à la création d’un musée du XVIIIe siècle !

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