Les réseaux sociaux ou l’art de prendre les vessies pour des lanternes

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A l’heure où le web devient de plus en plus fréquemment le moyen ultime de peupler les différentes formes que peut revêtir la solitude, une multitude de chemins se voient empruntés pour fuir la vie et ses réalités.

Depuis la seconde moitié du 20e siècle, seul ou mal accompagné, accablé professionnellement ou à la recherche d’un emploi, plongé dans la détresse ou dans l’ennui d’un quotidien démobilisateur, l’être humain n’a eu de cesse de rechercher de nouvelles méthodes pour briser cette fatalité à la fois dans un des environnements virtuels de son époque dès leur création, ou dans une recherche de communication directe avec autrui.

Jusqu’à l’arrivée d’Internet, l’environnement « virtuel » dans lequel se plongeaient volontiers les gens était celui de l’image.

La télévision, et à une moindre échelle, le cinéma, permettaient au quidam de s’évader de diverses façons:

La science-fiction et les reportages sur le monde faisaient rêver à grande échelle, le sport passionnait, les love story parlaient d’amour fort, les tragédies et les infos permettaient de trouver pire que sa propre existence…

Les bistrots quant à eux, à l’instar des marchés de ville, drainaient toute une population nécessiteuse de rencontres amicales, de discussions animées et de partage d’opinions.

Alors oui jusque là, on fuyait la lourdeur de son mari version « pieds sous la table » en voyant ses amies, le mari parlait avec ses copains de sport ou de voitures en sifflant quelques verres, et au final tout le monde regardait la télé pour ne pas avoir à se parler.

Il est vrai que dire ses quatre vérités à un violent n’était pas chose facile… aborder libidineusement une femme sans risquer une paire de giffles non plus…

Tout n’était pas si noir non plus.

De réelles amitiés se nouaient lors de rencontres fortuites dans les lieux divers favorisant celles ci.

Des amours, des coups de foudre aussi.

Le cinéma, et parfois même la télévision, favorisaient chez certains l’échange d’idées sur des opinions, des positions.

Une certaine instruction pouvait en découler, quand elle n’était pas trop manipulée par les médias.

En clair, moins qu’auparavant certes mais différemment, la vie battait son plein autour d’un véritable concept d’échange avec autrui.

L’arrivée de l’ordinateur individuel (Personnal Computer =PC) commenca à bouleverser tout d’abord le schéma de la jeunesse.

Ordis et consoles de jeux venaient souvent suppplanter l’hégémonie de la télévision dans les foyers ou l’utilisation n’était pas réglementée.

Une nouvelle forme d’isolement voyait le jour.

Les progrès fulgurants de la science et de la technique, alliés à la consommation effrénée et à une publicité adéquate rendirent ce phénomène totalement polymorphe.

Les téléphones portables, l’Internet, le Wifi accessible partout, les vitesses de connection toujours plus impressionnantes, les tarifs attractifs et bien entendu l’envie d’être « comme tout le monde » favorisèrent l’ apparition d’une nouvelle forme de communication, à présent étendue à toutes les générations.

Certes, certaines intentions étaient et restent « nobles »… dans le principe…

Papi et mamie achètent un ordi pour faire un coucou une fois par mois ou plus à la « cam » à leurs enfants et petits enfants demeurant à distance.

C’est chouette. Cà rapproche…

Vraiment?

Du coup plus besoin de se forcer à aller rendre visite 3 ou 4 fois par an. 3 coucou à la cam, 3 coups de fil et une visite si rien d’autre de prévu et le tour est joué…

– Ah cool! on peut « tchatter » avec des gens du monde entier!

Quésako? Pas un français sur 10 n’a le niveau pour bredouiller une conversation en anglais et ne me faites pas croire que les gens vont s’incruster sur les tchats de Roumanie ou du Barhein…

Bon en clair on l’a compris c’est du pipeau…

– On peut « googueler » à la moindre question qu’on se pose.

Pas faux. la Samaritaine du curieux, l’Encyclopédie « Biscornalis » en 1 clic…

Mais où sont passées les recherches d’avant, les bibliothèques où l’on se rendait ensemble pour partager l’effort de ses recherches, les discussions et les questions posées aux parents à table ou aux amis dans les soirées, les échanges réels entre niveaux variés qui faisaient du troc de connaissances?

Non c’est mieux de chercher pour soi, chacun dans son coin, pour dire: « moi je sais » ou « moi j’ai mieux cherché que toi »…

Bon allez… on ne va pas tout citer.

Ce que je retiens, moi, c’est que bien ou mal, tout est devenu en tout cas un vecteur d’individualisme total.

On se voit moins, on échange moins culturellement parlant, on favorise la course à l’auto-satisfaction et à l’isolement.

Voilà qui me paraissait nécessaire de préciser avant d’introduire à présent mon sujet principal. La communication virtuelle et plus précisément le phénomène des réseaux « sociaux ».

Vous allez me dire, elle est quand même sacrément culottée celle-ci de balancer son pamphlet sur un article de réseau justement.

Bon ben oui, je suis culottée, n’en déplaise à qui que ce soit ici ou ailleurs. Si je risque le siège éjectable (la chaise électrique des temps modernes…), j’en suis parfaitement consciente mais d’ici qu’on me la fasse fermer pour de bon les poules auront des dents…

D’autres encore me diront, « si tu méprises autant les réseaux que çà, qu’est ce que tu y fous inscrite? ».

Remarque logique à laquelle je « pré-répondrais » ainsi:

Si j’y suis inscrite, c’est essentiellement par ce que je ne suis pas différente des autres. J’ai moi aussi des besoins de communciation, moi aussi je ne souhaite pas vivre en marge de la société en refusant le « progrès ».

Je ne fais d’ailleurs aucun procès d’intention à Facebook ni à aucun autre. Une fois de plus, l’intention n’est pas de nuire et le concept intéressant… judicieusement utilisé.

Je reste cependant méfiante de nature et ne suis pas le mouvement béatement sans tirer des leçons de mes expériences et de mon analyse. Lorsque ce que je constate de la part des autres me désole, j’essaie de comprendre. Lorsque mes attitudes me dépassent et que je me vois sombrer comme par attraction hypnotique dans un cercle vicieux au détriment de mon intégrité, mon esprit se révolte et s’insurge contre la médiocrité qui me guette.

Je suis contente, j’ai à peu près bien placé mes capteurs et réglé l’alarme sur « choc électrique puissance 10″…

En clair, je lutte activement pour ne pas trop virtualiser ma vie.

Je sors et continue à faire des rencontres avec des gens faits de chair et d’os et qui, s’ils ont 60 ans ne prétendent pas en avoir 20, s’ils sont des hommes ne prétendent pas être des femmes biologiques pour s’inventer une autre vie, s’ils sont des couards ne peuvent pas prétendre être des super-héros…

Bien sur, la nuit tout spécialement, les bonimenteurs de foire ne se comptent plus et la mythomanie n’est pas exclue de la réalité.

Mais pour ma part, que voulez vous, c’est un peu comme le téléphone, instrument fort pratique au demeurant, mais dont je n’aime guère l’utilisation intempestive.

J’aime bien regarder les gens dans les yeux quand je leur parle, pouvoir entrer en contact physique amical si l’envie s’en fait ressentir, pouvoir balancer une bonne baffe pour éviter la frustration dans des cas extrêmes.

Fondamentalement j’aime les gens.

Il y a du bon et du mauvais chez tout le monde, alors à moi d’en juger selon mes propres critères.

Excusez moi du peu, mais j’ai beaucoup de mal à le faire par téléphone ou derrière un écran.

Bien sûr, certains automatismes s’acquièrent au fil du temps et des échanges de contacts virtuels, permettant de « jauger » son interlocuteur…

Mais pas de juger…

Ai je le droit de juger?

Pour ma gouverne oui.

Tout le monde le fait bon gré mal gré.

Penser qu’un autre est un artiste, un saint ou un imbécile, c’est émettre un jugement de valeur sur autrui.

Pour soi.

C’est de le droit de chacun et se nomme la liberté de penser.

Mes jugements me regardent et je n’en fait nullement étalage hormis dans certains cas tels que la réponse à une question ciblée de la part de la dite personne ou lors de certains agacements difficilement maitrisables…

Dans la vie de tous les jours, il y a une foultitude de termes que d’aucuns s’emploient à accorder pour désigner le degré d’amitié ou d’estime qu’ils portent à autrui, tout comme pour le mépris ainsi que l’inimitié.

Ami, copain, connaissance, collègue, parent, ami proche, meilleur ami, camarade, ennemi, ennemi juré,… bref on ne les compte plus.

Il va de soi que la catégorie négative n’a pas sa place dans l’univers d’un réseau social destiné à la base à rapprocher les gens.

Remarques…

Et si l’on découvrait une autre facette de celle ou celui que l’on a toujours pris pour un fieffé crétin, par exemple à travers des articles à la sensibilité exacerbée…

Bon allez ne rêvons pas… restons humains…

Alors ne prenons que ce qui à priori représente déjà une amitié où qui est neutre de connaissance mutuelle.

Dans le premier cas on ajoute son pote ou son ami de longue date à ses contacts de réseau.

A ce stade, rien de bien méchant.

On se connait dans le réel, on s’apprécie à sa juste valeur et sur des bases concrètes.

On arrête pas pour autant de se voir (comme on l’a fait avec ses viocs qui habitent à Pampelune…).

On se balance des « coucou çà va mieux de puis hier? » à grands renforts de LOL.

Vraiment rien de bien méchant et surtout c’est du virtuel de circonstances.

Et puis intervient le facteur « amis des amis »…

Si tu est l’ami de mon ami, t’es mon ami.

Ah bon?

Peanuts oui!

Rien ne le prouve à brûle-pourpoint.

Moi même, dans la vraie vie, j’ai des amis que je ne mettrais jamais en rapport avec d’autres amis.

Ils sont INCOMPATIBLES et je le sais très bien.

Leurs opinions sont trop engagées et leurs caractères trop trempés pour éviter le pugilat à plus ou moins longue échéance.

Les amis de mes amis, au même titre, ne sont donc pas tous potentiellement mes amis.

Et puis il y a les ajouts « sauvages » qui sont de plusieurs types:

– les amis des amis qui n’ont rien compris à la vraie vie

– les personnes qui adorent avoir le plus de « contacts » possible pour faire croire qu’ils sont irrésistibles

– les dragueurs patentés et autres nymphos qui confondent réseaux sociaux et sites de rencontres

– les dévôts de l’image, encore appelés « suiveurs » et qui sous prétexte d’admirer l’image statique de leur contact, « pokent » et cliquent des « j’aime » à tout bout de champ sur la moindre ânerie de leur idôle…

C’est gens la sont la plaie des réseaux.

Bien sûr, je n’ai jamais été contre de nouveaux contacts.

C’est d’ailleurs bien la raison pour laquelle mon compte est accessible au public.

Je ne me « ghettoïse » pas dans mon petit cercle de connaissances en criant vade retro à toute tentative d’incursion au sein de celui ci.

J’écris entre autre des articles, rarement lus certes :(  mais pour lesquels j’ai eu parfois le plaisir de recevoir une demande de contact…

Mais si j’en crois la définition du dictionnaire et la compréhension que j’accorde à celle-ci, un réseau est bien un ensemble de ramifications inter-connectées.

Un réseau électrique permet, par exemple, via ses inter-connections, le passage du courant.

Un réseau social devrait, via ses inter-connections, véhiculer une communication de type « sociale », favorisant non pas cette fois l’allumage d’une ampoule, mais le partage d’idées diverses, propres à la vie en société.

Cela devrait comprendre d’emblée une large variété de sujets.

Toutefois, ce qui est valable pour le réseau électrique l’est aussi pour les autres.

A force d’ajouter des dérivations et des éléments en tout genre, on fini par perdre de la puissance…

Alors les propriétaires de comptes « farcis » d’amis qui n’en sont pas, les éléments perturbateurs qui insultent les « amis des amis » qu’ils ne trouvent pas à leur goût, les malades qui au contraire eux parcourent les listes à la recherche de nouvelles proies à « séduire », les commerciaux futés qui vendent leurs intérêts pour de l’évènementiel en matraquant au plus large, tous ces gens là et bien d’autres viennent parasiter un système supposé convivial de leur envahissante virtualité cosmique.

On s’apperçoit cependant, presque tous autant que nous sommes, de leur présence un peu tard.

Un commentaire salace sur une photo, une remarque innapropriée, un message privé hors sujet voire une inexistence totale dès l’ajout parce que vous n’êtes qu’un tremplin vers vos contacts ou un simple numéro de plus dans une liste longue comme le bottin…

Certes, l’importun peut être relégué aux calendes via la suppression de son profil, voire la signalisation de celui ci aux « autorités compétentes » du réseau.

Mais, insidieusement, le mal est souvent déjà fait.

Un agacement de plus pour ma part envers les incivilités déjà vécues au quotidien dans la vie de tous les jours.

Cà fini par porter sur les nerfs, que j’avoue avoir fragiles pour des raisons déjà citées dans de précédents articles…

Ma plus que chère amie Kahina en a récement bloqué son compte par dépit, devant les insultes quotidiennes de la part d’individus aussi stupides que grossiers, justement pour la plupart « amis de ses amis »…

C’est un vrai « deuil virtuel » pour moi, dû à l’intérêt plus qu’important que représentaient ses posts à mes yeux.

Fort heureusement, je la vois dans la vie réelle et je ne perds pas plus que çà…

Pour autant, avec un recul à présent assez conséquent sur ma présence en ces réseaux, le bilan que m’apportent mes diverses expériences et réflexions sur le sujet, cette « disparition » m’affecte beaucoup.

J’avais plaisir à lire ses partages de liens vers des sujets passionnants qui tantôt me faisaient réfléchir, tantôt me faisaient rire de bon coeur.

J’en suis réduite, après avoir pourtant récemment occasionné un extrême nivellement par le bas de ma liste de contacts, à survoler d’un oeil noyé par l’ennui, un fil d’actualités regorgeant de platitude, où l’on s’extasie littéralement devant la photo d’un paire de chaussures d’une banalité affligeante, où l’on suit béatement les récréations futiles de quelque midinette au décolleté calculé, où l’on commente à grands renforts de « j’aime » et de surenchère le dernier plat de nouilles d’une cuisinière de carnaval…

Et je ne cite pas les interminables apparitions de « multi-localisation »… « Machin est à la gare de Trifouillis les Oies », « Trucmuche est au Prisunic de la rue Bidule »,…

Mais bon sang qui cela peut-il bien intéresser! C’est d’un ennui mortel, le vide intersidéral à l’état pur!!!

Je crois sincèrement que l’influence catastrophique de la télé-réalité y est pour beaucoup.

Ces émissions toutes plus débilisantes les unes que les autres, Secret Story et compagnie, apprennent aux gens à trouver de l’intérêt dans la moindre banalité du quotidien des autres.

Alors on trouve normal que la première abrutie venue clame haut et fort qu’elle a décidé d’arroser ses plantes ou que le premier idiot du village se targue d’être devant sa série d’andouilles préférée…

Pierre Desproges terminait l’un de ses sketchs ainsi: « Mesdames, ne marchez pas dans la mode, çà porte malheur… ».

Il faut croire que moi, qui ait pourtant voulu le faire en croyant tirer un vague profit social de ces réseaux, me suis fourvoyée sur toute la ligne en intellectualisant un peu trop le concept.

J’y vois un intérêt allant à reculons à vitesse  accélérée, sens dans lequel je n’ai aucunement envie d’aller.

Enfin… Cet article ne sera probablement pas lu, à l’instar de tous les autres, dû à sa grande longueur et faute d’imagerie publicitaire adéquate…

Désolée mais j’ai sottement oublié de prendre mon dernier croque-monsieur en photo, ni mes chaussons en forme de hamsters et comble de nullité de ma part, je n’arrive plus à mettre la main sur un seul cliché de mon cul!

Je sais c’est impardonnable et mérite le mépris le plus total…

2012 me verra donc peut être rejoindre ma soeur Kahina aux pays des limbes de l’oubli virtuel dans l’indifférence générale de ceux qui feront certainement de leur vie et de celles de leurs descendants un joli paradis utopique plein de neo-bonobos aux yeux carrés, et qui mourront à leur tour dans l’indifférence la plus totale.

Pour ma part, la vie n’aura de cesse que lorsque mon coeur s’arrêtera de battre, débordant de sentiments bons et mauvais, mais tellement fier de réellement exister…

Roxanne

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